Chapitre 10 – L’histoire d’un chevalier, nommé Rufus
par RuyiCe chapitre vous est présenté par la Dragonfly S. :
• Traductrice : Ruyi
• Correctrice : Ruyi
« De toute façon, puisque tout le monde vous appelle un héros, je devrais aussi le faire. »
« Rufus, » lui répondit-il laconiquement.
« Rufus ? C’est votre nom ? »
« Oui. »
« C’est un joli nom qui roule bien sur la langue. A-t-il une signification particulière ? »
À sa grande surprise, Rufus se sentit mieux après avoir entendu l’intérêt désinvolte qu’elle portait à son nom.
Alors, contrairement à son habitude, il commença à lui expliquer.
« Rufus est un autre nom pour la fleur de fuchsia. »
« Fleur de fuchsia ? »
« C’est une plante qui ne pousse que dans le domaine d’Inferna, où je suis né. Elle a des fleurs rouges qui ressemblent à des fées. »
« Wow, j’aimerais bien la voir. »
« Oui, c’est une très belle fleur. »
« Mais c’est une fleur rouge… Est-ce que vos fesses étaient très rouges à ta naissance ? »
En réponse à la remarque amusante de la servante, Rufus lui jeta un regard de travers.
« Non, j’ai été nommé après la fleur parce que ma grand-mère les adore. »
« Eh bien, mon nom est aussi dérivé de la fleur Sarubia… »
« Je sais. », lui répondit Rufus en l’interrompant.
« Tu l’as déjà mentionné. Tu t’appelles Sarubia, mais tes cheveux sont de couleur ivoire. »
Une pause.
Les pas de la servante semblaient anormalement lents.
« … Vous vous en souvenez ? »
Elle leva les yeux vers Rufus.
Ce ne fut qu’un bref instant, mais elle semblait réellement surprise.
Rufus acquiesça d’un air détaché.
« Bien sûr, tu l’avais déjà dit quand tu m’as parlé de toi et que tu m’as donné ton nom. »
« Vous vous êtes souvenu… De mon nom aussi ? »
« Quelle question idiote. Si je ne connaissais pas ton nom, comment aurais-je pu te trouver ? »
La servante fixa Rufus, momentanément déconcertée. C’était comme si elle venait de vivre quelque chose qu’elle n’avait jamais imaginé.
« Pourquoi diable ? »
« Comment ça ? »
« Pourquoi vous souvenez-vous encore de mon nom ? »
« Ce n’est pas que je m’en souviens. Je ne pouvais tout simplement pas l’oublier. », répondit Rufus sans détour.
« J’ai pensé à ton nom pendant tout le temps où j’étais sur le champ de bataille. Il n’y a pas moyen que je l’oublie. »
« Mon nom ? »
« Oui. J’ai pensé aux mots que tu m’as dits. »
Rufus s’arrêta de marcher.
Le chemin derrière le palais des invités, où résidaient Rufus et sa famille, était désert. À part Rufus et la servante, on n’entendait aucun bruit.
« … »
Rufus regarda la servante qui se tenait à ses côtés.
Survivre jusqu’à la fin.
Ses mots, répétés un nombre incalculable de fois, résonnaient dans son esprit.
Au cours des trois dernières années, il s’était accroché à ses paroles comme à une bouée.
Qu’il le veuille ou non, elle faisait désormais partie de sa vie.
« Sarubia. »
Rufus l’appela par son nom.
À l’instant où son nom fut prononcé, la servante tressaillit, comme si l’entendre ne lui était pas familier.
« Tu as dit que tu étais une sainte. Tu as dit que tu pouvais prophétiser la mort des gens. »
« Oh… Oui, c’est exact. »
« J’ai besoin de ton aide. Puis-je te demander encore une chose ? »
« Qu’est-ce que c’est ? »
« Ma grand-mère est ici. Cela fait un moment déjà qu’elle a une mauvaise santé, et son état s’est aggravé à cause du long voyage depuis les faubourgs jusqu’à la capitale. Alors… »
« Non. »
La servante coupa la parole à Rufus.
« Vous voulez connaître la mort d’un membre de votre famille ? Je suis désolée, mais c’est un peu difficile. »
Même sans entendre le reste de ses paroles, la servante pouvait déjà deviner. Cet homme voulait savoir combien de temps sa grand-mère pourrait encore tenir.
De son point de vue en tant que membre de la famille, elle pouvait comprendre son inquiétude.
Mais…
« Vous ne pourriez probablement pas le supporter. »
Apprendre la mort est un processus très douloureux. Peut-on réellement supporter la douleur de savoir que la vie d’un être cher s’achèvera un jour ?
« Même si vous connaissez la mort, vous ne pouvez rien y changer. Je ne suis qu’une humaine impuissante qui ne peut interférer avec le destin. »
La servante tourna la tête avec une expression amère.
Rufus suivit son regard.
« Je comprends. Même si tu es une sainte, il n’y a probablement aucun moyen de défier le destin. »
« Mais vous voulez quand même savoir ? Cela ne fera que vous tourmenter davantage… »
« Mes parents sont décédés quand j’avais sept ans », dit Rufus, le cœur lourd.
À l’époque, ses parents, originaires d’une grande ville, avaient déménagé dans le lointain territoire d’Inferna pour hériter du titre de baron. Mais avant qu’ils ne puissent officiellement recevoir ce titre, ils sont tous deux décédés.
Le territoire d’Inferna était pratiquement une terre en friche*. Le climat y était rude et les mares stagnantes d’eau saumâtre étaient infestées de parasites nuisibles. Les parents de Rufus ne purent s’adapter à l’environnement et dépérirent lentement.
(N/T : Une « terre en friche » désigne une terre qui n’a pas été cultivée ou utilisée pendant un certain temps, souvent en raison de mauvaises conditions pour l’agriculture ou de négligence. C’est un sol qui est laissé à l’abandon et qui n’est pas entretenu.)
Après la naissance d’Edel, le petit frère de Rufus, la santé de leurs parents se détériora rapidement.
Et puis un jour,
Sans crier gare, leurs parents ne rouvrirent jamais les yeux.
(Note de Ruyi : Voici un petit chapitre bonus, j’étais d’humeur généreuse ce soir. En tout cas, j’espère que vous avez apprécié, et je vous dis à très bientôt pour la suite de l’histoire !)
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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